Appellations d’origine incontrôlée

Dessin photogénique ou photogramme

Anna Atkins inaugure un nouvel herbier à fins scientifiques :
elle dispose des plantes sur du papier enduit d’émulsion cyanotype, rédige leur nom en latin et en anglais puis insole le tout au soleil. L’image révèle plus qu’une simple silhouette car les tiges, feuilles et fleurs font barrage aux rayons lumineux selon leurs épaisseurs.

Anna Atkins est ainsi l’auteure du premier livre de photographie, elle publiera en cyanotype 11 tomes de recensement de la flore Britannique, ses derniers ouvrages manifestent une composition artistique des planches.

Aux prémisses de la photographie, Talbot appelait cette « empreinte » un dessin photogénique, la postérité garda le terme de photogramme pour les photographies prises sans appareil. Cette technique fût utilisée par Rauschenberg pour les premières oeuvres qualifiées de cyanographies.

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Peinture photographique ou aux sels de cyanure

La cyanographie est parfois définie comme de la peinture photographique, c’est une description technique exacte… mais cette expression est employée pour une grande diversité d’oeuvres et de procédés.
Gerhard Richter propose par exemple sous cette étiquette à la fois ses peintures des années 1960 faites d’après photo et ses photographies sur lesquelles il peints depuis 1986.

En attendant que la cyanographie soit familière et le terme compris, je la définie souvent comme de la peinture aux sels de cyanure, ça éveille la curiosité et me permet de faire le lien avec la photographie argentique… et ses sels d’argent.

Pour continuer sur les termes en CYANO la matière utilisée pour peindre et obtenir une surface photosensible est en fait une émulsion chimique aux sels de ferricyanure, j’explique d’ailleurs ma recette dans un article « technique » et je l’appelle encre cyanotype.

Quant à mon métier, j’utilise une expression générique, artiste plasticienne en référence aux arts plastiques, à la fois peinture et photographie, sur support à 2ou 3 dimensions, avec la possibilité de faire des performances, des compositions improvisées avec du public.
Ma nièce adore dire que je suis cyanographe, j’admire cette simplicité.

Anna ATKINS
Blueprint

Une autre usage du cyanotype : le Blueprint des architectes, qui sert aussi pour le dessin technique et correspond à un plan détaillé. L’ère industrielle a su se servir du cyanotype pour dupliquer les plans grands formats à l’aide d’un calque, de papier et d’émulsion photosensible.

Bien que les Blueprint ne soient plus reproduits en cyanotype depuis les années 40… et qu’ils ne soient plus que rarement bleu, le nom est resté.

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